Voici la dernière restauration de Raphaël, mon apprenti. Bien qu’elle est dotée de tous les attributs d’une commode Régence, celle-ci ne peut avoir été réalisée que bien ultérieurement après cette période historique (1715-1723 environ). En effet, Hédouin ayant obtenu sa maîtrise en 1738, pleine époque Louis XV, il s’agit plutôt d’une commode comme décrite « à la Régence » par les ébénistes de l’époque.
Cette commode est entièrement bâtie de chêne, excepté pour les fonds de propreté, et est plaquée d’amarante et de satiné.
Jean-Baptiste HEDOUIN
La vie de Jean-Baptiste Hedouin est assez méconnue, seule la date de son décès (janvier 1783) nous est connu. Après avoir été reçu à sa maîtrise le 22 mai 1738, il installa son atelier rue Traversière-Saint-Antoine. Tous les meubles qu’il produisit étaient de belle qualité. Ses meubles, principalement de style Régence et Louis XV, presque tous revêtus de placage en feuilles ou en quadrillages, étaient variés : armoires, bureaux plats et en pente, bibliothèques… mais ce furent les commodes qui constituèrent la plus grande partie de sa production. La majorité d’entre elles adoptaient les formes ventrues et lourdes du style Régence. D’autres présentaient des lignes galbées, plus légères, le montant et le tablier soulignés par des bronzes dorés. On peut mentionner deux oeuvres, très éloignées du style habituel de Jean-Baptiste Hedouin. Il s’agit d’une paire d’encoignures à gradins, en laque de Chine et vernis européen polychrome, avec des encadrements de bronzes rocailles.
Ayant trouvé, sur certains meubles, son estampille à côté de celle de son confrère Migeon, on suppose que Hedouin a travaillé également pour des marchands.
BIBLIOGRAPHIE
- Le Mobilier Français du XVIIIème Siècle – Pierre Kjellberg – Les Editions de l’Amateur – 2002
- Les ébénistes du XVIIIe siècle – Comte François de Salverte – Les éditions d’Art et d’Histoire – 1934
Constat d’état
Cette commode était plutôt dans un bon état. Le cahier des charges stipulait donc de restituer les manques de placage, de reprendre les anciennes greffes disgracieuses, de réhydrater les surfaces plaquées et de revoir le coulissage des tiroirs.
La restauration
La structure étant en bon état, un démontage n’était absolument pas envisageable. Je rappelle par ailleurs que le démontage d’un meuble n’est absolument pas systématique et que cette étape doit absolument être justifiée car elle engendre une intrusion importante dans la conservation des colles anciennes et des montages d’origine.
C’est pour cela que nous avons opté pour un recollage des côtés sous vides avec une membrane directement appliquée aux côtés. Cette opération permet d’obtenir une régénération des colles de grande efficacité.
Les manques de placages et les anciennes greffes dans le mauvais fil du bois ont été restitués par du placage scié, raclé, poncé et mis à la bonne épaisseur en contre-parement avant collage à la colle chaude.
L’ancien vernis au tampon a été allégé et régénéré avec un solvant polaire, puis retravaillé avant d’appliquer une nouvelle finition à la gomme laque incolore. Les greffes de placage ont préalablement été oxydées.