Commode Estampillée Roussel

Ebénisterie Mathieu Vath

Restauration d’une commode Louis XV estampillée de l’ébéniste parisien Pierre Roussel. Cette commode est bâtis en chêne et en conifères pour les panneaux. Elle est plaquée de bois de rose disposé en fougère encadré par du bois de violette. Les filets sont buis.

Ebénisterie Mathieu Vath
Avant restauration

Les Roussel

Fils de Michel Roussel compagnon ébéniste originaire du Cotentin, il est le seul à choisir l’ébénisterie plutôt que la menuiserie comme ses frères cadets Jacques, Michel et Louis, Pierre Roussel obtient sa maîtrise le 21 aout 1745 et s’installe dans le faubourg Saint Antoine, rue de Charenton en face de la rue Saint-Nicolas à l’enseigne « L’image de saint Pierre ». Il acquiert rapidement une grande notoriété parmi les premiers ébénistes de la capitale, qui lui ouvre le titre de juré en 1762, puis juré comptable en 1763-1764. En 1767 il est choisi comme expert afin d’arbitrer un différend entre son confrère Grandjean et un commissionnaire en meubles. Reconnu et apprécié par ses pairs, il devient député du corps des ébénistes en 1777, puis syndic adjoint en 1779 et enfin syndic l’année suivante. De 1775 à 1780, il reçut du prince de Condé des commandes se montant à un total d’environ 10.000 livres pour le Palais-Bourbon et le château de Chantilly.
La petite fortune qu’il gagna lui permit de marier une de ses quatre filles à un notaire du Châtelet; une autre épousa un commis au greffe de la Chambre des Comptes.

Ebénisterie Mathieu Vath
Estampille P.Roussel

Il travailla pour ses confrères ébénistes et marchands comme Pierre Migeon IV, Adrien Delorme, Joseph Baumhauer, Jean Pierre Latz et Mathieu Guillaume Cramer.
Il a fourni Honet et Thurin en 1769, puis Bétault et Ravary en 1771. Il fit travailler les bronziers Joseph Noël Turpin, André Ravrio, Dubost et le doreur Trufot.

Pierre Roussel décéda subitement à l’âge de cinquante-neuf ans. L’inventaire de ses marchandises, dressé après sa mort par les ébénistes Leleu et Cochois, atteste la prospérité de la maison. Sa succession comprenait 244 pièces représentant un total de 18 000 livres.  Dans les ateliers et magasins se trouvaient une cinquantaine de commodes, tant « carrées » que « circulaires » (on nommait ainsi celles en demi-lune), d’autres commodes « en tombeau » et « en console », des tables à l’anglaise, à la Dauphine, à déjeuner, à plusieurs fins, et quantité de différents ouvrages en marqueterie ou en mosaïque de bois des Indes, en laque et en acajou.

Il signa ses œuvres de l’estampille « P.ROUSSEL ». Si Pierre « le Jeune » continue d’utiliser la même estampille que son père après sa mort, Pierre-Michel déposera un poinçon légèrement différent : lettres plus hautes, plus rondes et sans léger empattement.

La veuve Roussel, née Marie-Antoinette Fontaine, continua de gérer l’établissement et garda, suivant la règle, la marque de son mari pour signer les travaux de ses fils associés avec elle. Ces artisans avaient fait leurs preuves : l’aîné, Pierre-Michel, possédait la maîtrise depuis le 28 août 1766; le second, Pierre, dit « le jeune », depuis le 13 août 1771. Celui-ci resta auprès de sa mère, tandis que le premier exploitait au 310 rue Saint-Honoré, à côté du couvent des Jacobins, une sorte de succursale spécialement consacrée aux meubles de luxe. Il conserva la faveur du prince de Condé et devint un des fournisseurs de la Cour. Au nombre des pièces inscrites sous son nom dans les comptes royaux, figurent un « secrétaire d’acajou moucheté avec des encoignures sur les côtés, orné de jolis bronzes », et une bibliothèque assortie qui portait également des étagères latérales. Il vend son fonds de commerce au mois de Fructidor de l’an II (août – septembre 1793) et se retire rue de Gramont ou il décède le 15 décembre 1822 à la tête d’une importante fortune.
Pierre le jeune figure en 1785 et 1786 comme fournisseurs aux Menus Plaisirs de Versailles puis, en 1792, il s’associait avec un sieur Durantin pour entreprendre le commerce des bois exotiques. Après 1813 ont perd sa trace. On le sait encore en vie en 1820.

BIBLIOGRAPHIE

  • Le Mobilier Français du XVIIIème Siècle – Pierre Kjellberg – Les Editions de l’Amateur – 2008
  • Les ébénistes du XVIIIe siècle – Comte François de Salverte – Les éditions d’Art et d’Histoire – 1975
  • Les Roussel : Une dynastie d’ébénistes au XVIIIe siècle Relié – François Quéré – Faton – 2012

Constat d’état avant restauration

Cette commode était plutôt dans un bon état, contrairement aux meubles qui me sont confiés généralement. Le cahier des charges stipulait donc de restituer les manques de placage, de reprendre les anciennes greffes disgracieuses, de réhydrater les surfaces plaquées et de revoir le coulissage des tiroirs.


La restauration

La structure étant en bon état un démontage n’était absolument pas envisageable. Je rappelle par ailleurs que le démontage d’un meuble n’est absolument pas systématique et que cette étape doit absolument être justifiée car elle engendre une intrusion importante dans la conservation des colles anciennes et des montages d’origine.
C’est pour cela que j’ai opté pour un recollage des côtés sous vides avec une membrane directement appliquée aux côtés. Cette opération permet d’obtenir une régénération des colles de grande efficacité. Elle est seulement légèrement fastidieuse à mettre en œuvre.

Les manques de placages et les anciennes greffes dans le mauvais fil du bois ont été restituées par du placage scié, raclé, poncé et mis à la bonne épaisseur en contre parement avant collage à la colle chaude.

Ebénisterie Mathieu Vath
Réhydratation sous vide

L’ancien vernis au tampon a été allégé puis retravaillé avant d’appliquer une nouvelle finition à la gomme laque incolore. Les greffes de placage ont préalablement été oxydées. Les bronzes ont été restaurés et dorés par la maison Arte.

Ebénisterie Mathieu Vath
Apres restauration

Pour voir les restaurations précédentes : https://ebenisterie-mathieuvath.fr/en-ce-moment-a-latelier/

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