Commode Régence aux masques de faune et de lion

Ebénisterie Mathieu Vath

Fin de restauration pour cette importante et rare commode dite « en tombeau » ou « à la Régence » mais aussi « à moustaches » d’époque Régence, galbée toutes faces, ouvrant par quatre tiroirs sur trois rangs.

Coiffée d’un marbre Vieux Rance de Belgique (rappelons au passage qu’au début du XVIIIe siècle Rance était un village français) mouluré d’un bec-de-corbin suivant ses contours, cette large commode en placage unique de bois de violette est animée de galbes puissants, ornée de cannelures de laiton en façade et en côtés et recouverte d’une exceptionnelle garniture de bronze ciselée et dorée : épaisses poignées tombantes et larges rosaces godronnées, importantes entrées de serrure en cartels, longues chutes galbées aux masques de faune aux oreilles en ailes de chauve-souris, godrons, chutes florales, panaches et coquilles, masques aux mufles de lion, moustaches (ou « croissants ») à godrons et enfin cul-de-lampe rayonnant.

Les chutes au masque de faune de ce modèle se rencontrent rarement, et c’est encore plus vrai s’agissant des sabots au masque de lion, particulièrement peu courants .

Ebénisterie Mathieu Vath

La Régence constitue une période très courte de l’histoire des arts décoratifs, soit exactement de 1715 à 1723. Mais bien sur il c’est fabriqué des meuble « Régence » bien avant et bien après cette période historique. Les commodes Régence ne portent pas d’estampille, sauf cas de quelques ébénistes précurseurs en ce domaine qui signent alors au fer de leurs simples initiales tracées de grosses lettres.
Efforçons-nous de clarifier les points qui distinguent un modèle de ce type d’époque Régence et un modèle très ressemblant, mais cette fois d’époque Louis XV :
– Tout d’abord le noyer employé pour la fabrication des caissons de tiroirs et le fini de ceux-ci signe ici un ouvrage d’excellente qualité spécifique aux ébénistes de premier plan tels que les Lieutaud, Mallerot, Doirat, Garnier, mais sous tend également une datation contemporaine de la Régence.
– Il est une autre différence majeure qui réside dans la fabrication même des bâtis, qui sont montés à queues d’aronde borgnes sur les modèles du premier tiers du XVIIIe tandis qu’ils le seront à tenons-mortaises a la fin du XVIIIeme. Ainsi on observera sous la Régence un montage à queues d’aronde sur chant des traverses intermédiaires de façade et à queues d’aronde borgnes des traverses supérieures, et de cette même façon se fera l’attache entre les montants et les côtés, alors qu’elle se fera un peu plus tard à cet endroit à plat joint.
– Ainsi il est probable que les ébénistes, au moins jusqu’à la Régence, ne fabriquaient pas eux-mêmes les caisses de leurs commodes mais en laissaient le soin à des fabricants spécialisés. L’illustration nous en est faite ici par la simple observation du placage des montants qui vient en partie couvrir les traverses intermédiaires (voir la photo de détail ci-après), ce qui induit obligatoirement que le placage a été posé sur un bâti déjà entièrement monté.
– Ajoutons enfin que la présence d’une cannelure de laiton sur le côté de la commode, toujours au niveau du médian entre premier et second tiroir, est également un élément qui plaide en faveur d’une fabrication d’avant 1730.

Une restauration en conservation pour cette commode qui est arrivée en bon état à l’atelier. Mis à part quelques recollages de placages et quelques greffes. L’ancien vernis au tampon à été conservé et à été régénéré à l’aide d’un éco-solvant polaire avant d’être repris au vernis gomme laque incolore.


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