Secrétaire Louis XV estampillé C.Chevallier

Ebénisterie Mathieu Vath

Restauration d’un secrétaire à abattant, où dit en armoire, d’époque Louis XV estampillée de Charles Chevalier, galbé sur les côtés et en façade sans traverse intermédiaire en façade. Bâti de chêne et de résineux, il est plaqué d’une marqueterie d’érable, de buis, d’érable teinté bleu, de houx, de charme et d’épine vinette sur un fond de bois de rose encadré par du bois de Violette. L’abattant s’ouvre par une serrure trois points d’origine et laisse découvrir un casier comprenant sept layettes sur quatre rangs et quatre tiroirs. Le tout renfermant 7 secrets. La partie inférieure s’ouvre par deux vantaux et renferme un coffre dans la partie gauche. Ont peut noter la remarquable qualité d’exécution de ce meuble. Chaque élément est monté avec un assemblage et s’emboite parfaitement. Le cassier fait partie intégrante du meuble tout comme la tablette inférieure montée à queue d’aronde dans les montants.

Ebénisterie Mathieu Vath
A son arrivée à l’atelier

Un meuble à secret : Le secrétaire?

La première description d’un secrétaire apparaît en 1704 dans le Dictionnaire de Trévoux comme « une espèce de table ou de bureau élevé, en forme de pupitre, dans lequel sont plusieurs tiroirs fermant à clef où l’on renferme les papiers de conséquence ». Sa fonction est donc bien de mettre en sécurité des documents. Il en existe de trois sortes : en armoire élevée, brisé ou à cylindre. Un petit nouveau arrivera à la fin du XVIIIe siècle ce sera le secrétaire en cabinet. Pour les secrétaires en armoire on en trouve de deux sortes à deux vantaux ou en chiffonnier avec des tiroirs.

Outre leurs particularités de protéger les documents par une fermeture à clé, ils peuvent aussi renfermer un à plusieurs secrets, voire bien plus. Voici le cas du secrétaire exécuté par Martin Guillaume BIENNAIS

Secrétaire à abattant © RMN-Grand Palais (musée des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau) / Franck Raux

Ebénisterie Mathieu Vath
Estampille C*CHEVALLIER

Charles Chevalier

Fils de Mathieu Chevalier, maître menuisier ébéniste demeurant au faubourg Saint-Antoine, près de la rue Saint-Nicolas, Charles naquit en 1703. Benjamin de ses trois frères : Jean-Baptiste Ier, Jean-François, Jean-Mathieu Ier, (tous ébénistes) et de ses quatre soeurs : Anne épouse du maître vernisseur François Lamy, Marie-Antoinette, Suzanne épouse de jean-Charles Saunier et Jeanne.

Le 27 janvier 1737 il épousa Jeanne-Madeleine Coulon fille de l’ébéniste Gaspard Coulon. Peux après il quitta l’atelier de son frère ainé Jean-Mathieu Ier pour s’établir rue du Bac et passa sa maîtrise en 1738.

Charles fit fructifier le fond d’ébénisterie créée par son père et enrichie par ses frères au fil des années. À l’instar de son frère, Charles fabriquait des meubles du dernier goût puisque la prisée fait état d’une « commode et encoignures assorties à l’antique avec marbre en brèche d’Alep ».

Réagissant comme beaucoup de ses confrères en entrepreneur moderne, il s’ingéniait à satisfaire une commande qui ne cessait de s’accroitre, tout en orchestrant sa production et en consolidant ses débouchés. Les Coulon, Saunier ou les Criaerd, tous ébénistes de familles apparentées, concouraient à son industrie ainsi que le fondeur Dupuis, le doreur Jounnelet, les ébénistes Louis Noël malle et Marcret ou encore le marbrier Adam.

Plus remarquable encore sont sa clientèle qui comptait l’élite du faubourg Saint-Germain : les vicomtes de Rochechouart, de Poligniac, et de La Rochefoucauld, la comtesse de Laubépine, les marquis d’Usson de Bonnac, de Montmoreau, de souches ou de Cassini, etc…

Après sa mort le 3 février 1771, son confrère Antoine-Mathieu Criaerd reprendra son atelier de la rue du Bac.

BIBLIOGRAPHIE

  • Le Mobilier Français du XVIIIème Siècle – Pierre Kjellberg – Les Editions de l’Amateur – 2007
  • Les ébénistes du XVIIIe siècle – Comte François de Salverte – Les éditions d’Art et d’Histoire – 1967
  • L’art et la manière des maîtres ébénistes français au XVIIIe siècle – Jean Nicolay – édition Pygmalion – 1985
  • L’estampille/L’objet d’Art – Calin Demetrescu – Pg 66-79 – Avril 1999


Constat d’état

Ce secrétaire est arrivé à l’atelier dans assez mauvais état. La structure était bringuebalante, les assemblages étaient cassés ou bien décorés. Il y avait une multitude de manques de placages de bois de violette. Les pivots de l’abattant étaient cassés et non fonctionnels. La serrure de l’abattant méritait une révision et l’ensemble des panneaux était décollé.

A contrario les marqueteries de la façade étaient en très bon état avec une gravure extrêmement bien conservée.

La restauration

Le travail de restauration a consisté à restituer les manques de placage par du placage de bois de violette scié neuf, raclé, poncé, oxydé et mis à la bonne épaisseur en contre parement avant recollage à la colle chaude. Toutes les surfaces plaquées ont été réhydraté sous vide par infiltration de colle et mise en place d’une calle de forme avec un léger apport de chaleur.

Tous les éléments de serrurerie et pivotement de l’abattant et des vantaux ont été remis en bon état de fonctionnement et ajustés.

L’ancien vernis a ensuite été alléger puis repris au vernis tampon incolore. Entre deux couches la teinte bleue a été rehaussé afin de s’approcher de l’éclat d’origine de la marqueterie.

Les bronzes ont été nettoyé à la vapeur d’eau.

Ebénisterie Mathieu Vath
Après restauration

Ebénisterie Mathieu Vath
Détail d’un des deux oiseaux
Ebénisterie Mathieu Vath
Fleur en épine vinette
Ebénisterie Mathieu Vath
Fleur en épine vinette et ruban bleu
Ebénisterie Mathieu Vath
Détail du vantail bas gauche


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