Après plusieurs semaines de travail, la restauration de ce cartel est enfin terminée.

C’est un cartel d’époque Louis XV en marqueterie d’écaille de tortue brune et de laiton, avec des restaurations en palissandre. Le cadran est de Louis David Carré, neveu de Jullien le Roy, reçu maître le 31 décembre 1748. Logé au Louvre dès 1744, il fut élu juré en 1775.
Louis David Carré à Paris Signature de Louis David Carré
La plus grande richesse sur ce cartel se trouve dans ses bronzes. Ils sont vraiment magnifiques, et surtout, ils sont en très bon état. Il n’y a que très peu de manques de dorure, comme nous pouvons le constater sur les photos de son arrivée à l’atelier.
Avant restauration Côté droit avant restauration Côté gauche avant restauration
Quelques éléments sont plaqués de palissandre. Est-ce une restauration ou est-ce d’origine ? Je pencherais plutôt vers la restauration. Le restaurateur du XIXe siècle n’ayant pas d’ébène ou d’écaille de tortue a choisi le palissandre, un bois qui, lorsqu’il est neuf est très sombre.
Mais ne pouvant prouver qu’il s’agit bien d’une restauration il a été décidé de le conserver et de le teinter légèrement, dans le but de lui faire retrouver sa couleur d’origine. Afin qu’il s’harmonise mieux avec le reste de la marqueterie.

La structure en chêne est en assez mauvais état. Tous les assemblages se décollent.
Il m’a donc fallu les recoller à la colle de poisson, ou à la colle chaude quand cela était possible. De plus, l’âme est fendue à plusieurs endroits. Et là, il est impossible de resserrer et de recoller avec un sert-joint. Car le bois a rétréci mais pas le laiton. J’ai donc renforcé et rechargé les fentes afin que la marqueterie puisse retrouver son emplacement d’origine, sans modifier les côtés et la structure du cartel.
Ame fendue Ame fendue Ame fendue
Mais malheureusement le plus gros du travail de restauration se trouve sur la marqueterie d’écaille et de laiton. Comme beaucoup de meuble, ce cartel a été poncé à l’excès. Par facilité et gain de temps, mais en dépit de la gravure se trouvant sur le laiton. Sur ce cartel, il n’y a quasiment plus une seule trace de gravure et l’épaisseur de la marqueterie est aussi fine que du papier à cigarette.
Reste de gravure et traces de glue Restes de gravure
Il m’a donc fallu trouver de fines feuilles de laiton pour réaliser les manques de placage.

Un autre gros souci très répandu sur les meubles en marqueterie Boulle est le collage à la glue ( colle cyanolite). Car le laiton se décolle et ne tient pas, mais la colle reste collée en sur-couche et il est impossible de l’enlever. Seule une action mécanique (ciseau à bois) est efficace, ce qui oblige à déposer le laiton.
Glue Les ravages de la colle cyanolite Et encore de la glue Les ravages de la colle cyanolite
En dehors de ces gros défauts, il s’agissait de restaurations habituelles de manques de marqueterie. Ils ont été découpés dans une feuille très fine de laiton 2/10ème puis collés sous vide et maintenu sous presse pendant cinq jours. Ensuite, la marqueterie a été nettoyée (sans ponçage) puis les joints de marqueterie ont été comblés avec du mastic Roubo.
Manque d’écaille Manque de placage et traces de glue Manque d’écaille Manques de laiton et d’écaille côté droit Manques de laiton côté droit Manques de marqueterie Soulèvement de laiton Manques de laiton et d’écaille Manques de laiton Décollage du laiton Manques de laiton

Placage décollé Manque de placage Manque de placage Fond avant restauration Manques de marqueterie


Afin d’harmoniser la couleur du laiton avec les bronzes dorés j’ai diffusé sous tente une solution de sulfure de potassium ou plus communément appelé « barège ». Puis, une finition au vernis tampon incolore.


Zoom sur la dorure Traces de dorure à l’arrière des bronzes
Après restauration Après restauration Après restauration Après restauration

Après restauration Après restauration Après restauration Après restauration Après restauration Après restauration Après restauration