Il y a un mois, est arrivée une jolie commode transition, qui me fait penser au travail de l’ébéniste Charles TOPINO (vers 1742-1803) – maîtrise obtenue le 4 juillet 1773. Mais cette commode ne porte pas son estampille, ni aucune estampille d’ailleurs. Ce qui confirme bien, qu’il n’y a pas besoin d’estampille pour avoir en face de soit un meuble de grande qualité. De plus, les marqueteries pourraient très bien provenir de l’atelier de Topino, car celui-ci vendait des panneaux de ses marqueterie au marchand merciers et à ses confrères pour qu’il en habille leurs meubles. Donc on peut supposer que cette commode est un meuble inspiré de l’ébéniste, une création contemporaine sans aucun rapport avec l’atelier de Topino, où bien une commode plaquée de ses marqueteries mais réalisée par un autre ébéniste côtoyant Topino. Tout est possible…
Pour ce qui est des marqueteries et des bois employés, on retrouve du bois de rose pour les pieds et encadrements, avec un intérieur de pied plaqué en satiné. Les fonds de marqueteries sont en érable teint « tabac » et les marqueteries sont composées d’érable naturel, d’érable teint en vert et en bleu, de charme teint en vert et de buis.
On peut voir que certaines fleurs devaient être teintées en bleu. Mais à cause de restaurations successives et de cette fâcheuse tendance à poncer les meubles, le placage a perdu sa couleur. Car les ébénistes teintaient eux même les placages, et comme ils utilisaient du bois d’une épaisseur d’environ 2 à 4 mm, la teinte ne pénétrait pas toujours à coeur dans le bois. Ce qui fait que lorsqu’on ponce un bois teinté, on enlève sa couleur.
Au niveau de la restauration, je constate que ce meuble a déjà été restauré précédemment. Pour ce qui est de la structure et de la boiserie, plusieurs éléments dont l’arrière ont été changés mais le travail a été bien fait, et il est en bon état. Par contre, les panneaux de côté commencent à se fendre, car les éléments de sapin qui le composent et qui étaient collés à plat-joint ont rétréci. Il faudra donc démonter en partie la commode pour remédier à ces défauts.
Le plus gros du travail se trouve sur la marqueterie et les perces. Il y a peu de manques, mais du fait que cette commode a été exagérément poncée, le placage se trouve à certains endroits aussi épais qu’une feuille de papier à cigarette.
La commode a ensuite été décapée et nettoyée, remplie à la ponce, les greffes ont été oxydées, puis vernis au tampon incolore.