Restauration d’une commode d’époque Régence, surmontée d’un marbre de Rance de 30 mm d’épaisseur, moulurée d’un bec-de-corbin suivant ses contours. Cette commode, galbés en plan et en élévation en façade et en côtés, est plaquée d’amourette et de satiné. Elle comporte quatre tiroirs (simulant six) répartis sur trois rangs. Ses volumineux sabots, évoquant les pattes griffues d’un dragon La commode est ornée de cannelures de laiton et d’une garniture de bronzes ciselés et dorés : cadres ciselés de feuilles d’eau encadrant les tiroirs, épaisses poignées tombantes à coquilles, larges platines aux dragons, entrées de serrure centrales aux sphinges adossées, très importantes chutes d’angles à décor de dragons en ronde-bosse, chutes florales, godrons, panaches et coquilles, moustaches godronnées en cornes d’abondance, cul-de-lampe à spires d’acanthe affrontées au tablier et enfin grandes allégories de l’Astronomie sur les côtés.
Bien que les platines de poignées aux dragons soient relativement rares, on en trouve néanmoins des exemples occasionnels (notamment sur des commodes de Mathieu Criaerd). En revanche, les chutes d’angle aux dragons qui ornent cette commode sont aussi extraordinaires qu’inédites.Les bronzes aux dragons sont caractéristiques des productions de certains grands ébénistes de l’époque de la Régence, qui inaugure l’engouement pour les chinoiseries. Présents sur une commode, ils témoignent d’un certain apparat et évoquent immanquablement Charles Cressent ou encore Noël Gérard, mais aussi, plus occasionnellement, Antoine-Robert Gaudreaus.
Constat d’état
Cette imposant commode se présentait dans un état général assez dégradé. Côté caisse et structure une grande partie des assemblages étaient décollés et de nombreux renfort métallique et pièces de bois avaient été rajoutées. L’ensemble des panneaux étaient décollés et les côtés étaient fendu et désolidarisé des montant avant et arrière.
Pour ce qui était du placage les côtés ainsi que les tiroirs étaient en relativement bon état sans trop de manques. Mais quelques perces étaient présente et le placage présentait une forte déshydrations des colles sur toutes les surfaces.
Le problème le plus important se trouvait en façade. Celle ci avaient été fortement restaurée, et le placage d’amourette changé par du palissandre.
La restauration
En concertation avec mon client, afin de stabiliser la structure des côtés, l’option de la dépose des placages a été retenue. Il s’agit d’un choix délicat, car cette intervention est lourde et très interventionniste, et ne correspond pas à un travail de conservation. Nous sommes donc dans une opération de restauration lourde qui requiert un savoir-faire pointu, car elle peut engendrer des dégradations irréversibles qui n’étaient pas présentes avant restauration. La dépose ne se fait donc pas à la légère et, outre le coût et le temps engagés, il est impératif de maîtriser toutes les étapes pour un travail parfait.
Avant de s’attaquer au placage il y a eut une multitudes d’alésages de panneaux, de greffe de massif, de tenons à peigne et de collage divers pour redonner de la solidité à cette commode
Pour ce qui est de la façade le placage de palissandre à été retiré sur les montants et les tiroirs et remplacé par du placage d’amourette neuf, raclé, poncé et mis à la bonne épaisseur en contre parement avant collage à la colle chaude.
Bonne surprise, sous les traverses nous avons retrouvé les emplacements des anciennes cannelures, nous les avons donc restituées. Idem pour le ressaut du pont de la traverse basse qui avait été comblé par une plaquette de chêne.
Après un rempli à la ponce les greffes de placage neuf ont été oxydées pour les harmoniser à la couleur des placages anciens. Enfin une finition à la gomme laque incolore à été appliquée au tampon. Après un petit passage chez le doreur, les bronzes ont été remontés.
