Commode Régence en sarcophage

Ebénisterie Mathieu Vath
Ebénisterie Mathieu Vath
Avant restauration

Petite restauration d’usage pour cette commode Régence dite en sarcophage. Quelques recollage de placage et une régénération du vernis aurons suffit à rendre sa superbe à cette commode.

La commode sarcophage?

Ce n’est que quelques années après les premiers exemplaires concluent par André Charles Boulle, à l’époque du Régent, que vont apparaître les commodes galbées en plan et en élévation qui seront nommées durant tout le XVIIIe siècle commodes « à la Régence » (et de même d’ailleurs il faudra attendre 1720 pour revoir des commodes à deux rangs de tiroirs, souvent nommées « à la Cressent »).

Il faut voir ce type de commodes comme un intermédiaire entre la commode Louis XIV et la commode Régence. Plus rare, plus classique avec ses formes pleines de retenues, ce modèle est d’une ligne à la fois très épurée et très raffinée. On rencontre assez souvent le modèle « en sarcophage » présentant les caractéristiques de la commode dite « à pont », mais surtout toujours de haute qualité. On retrouve à la fabrication des maîtres tels que Noël Gérard, les Poitou, François Lieutaud et enfin Louis Delaitre qui pour sa part semble avoir poursuivi plus longtemps, et au delà même de la Régence, la fabrication du modèle (ce sont quasiment les seules que l’on verra parfois estampillées).

Ebénisterie Mathieu Vath
Après restarution

Cette commode est coiffée d’un marbre Incarnat Turquin de Caunes-Minervois mouluré d’un bec-de-corbin et parée d’une ornementation de bronzes ciselés et dorés. Sur les tiroirs : tirants en torsades (dits « en torchon ») et rosaces tournoyantes, petites entrées de serrure aux mascarons féminins rayonnants épaulés de dauphins, grandes entrées de serrure à coquilles et guirlandes. Sur les montants : importantes espagnolettes féminines à diadèmes en palmettes et chutes florales ajourées, astragales à godrons, sabots en chaussons à fond mosaïqué et feuilles d’acanthe ponctuées de palmettes. Sur les côtés : importants mascarons de Cérès à palmettes, acanthes crispées en rinceaux. Au tablier : large cul-de-lampe formé d’un cartel à fleuron flanqué de rinceaux d’acanthe.
Elle ouvre par quatre tiroirs sur trois rangs et est recouverte d’un placage de bois de violette scié sur dosse et en biais et disposé en chevrons, en pointes de diamant et plus particulièrement en ailes de papillons. On y retrouve, sous forme de cannelures de laiton disposés sur les traverses de façade, les traditionnelles divisions horizontales du style Louis XIV.

Si cette commode est toute en élévation, sa silhouette est d’un délié subtil, les tiroirs du premier rang bombés puis légèrement concaves, le tiroir du rang médian bombé puis s’inclinant vers l’intérieur et enfin le tiroir du bas qui semble presque plan mais creuse inperceptiblement en concavité. Les côtés sont bombés en S au premier tiers et se poursuivent vers le bas en légère concavité. L’attache particulière des chutes d’angle, placée très bas, donne un effet trapézoïdal et renforce le point de fuite vers le tablier.

Le bâti de la commode est pour sa part conforme à celui de la Régence, en conifère de qualité pour l’essentiel (façades des tiroirs, plancher, plafond, planchers intermédiaires et dos), mais en bois durs pour les montants (chêne et frêne) et surtout en noyer pour la totalité des caissons de tiroirs finement montés à encastrement. Le montage sans tenons-mortaises mais à queues d’aronde borgnes et sur chants ainsi qu’à rainures pour le fond en planches jointives est également typique de la courte période de la Régence.

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