Table à écrire estampillée JF LELEU

Ebénisterie Mathieu Vath

Restauration d’une table à écrire Louis XVI estampillée de Jean François Leleu. Elle est entièrement bâtis en chêne et est plaquée sur toutes ses faces de croisillons d’érable teinté gris avec des filets d’amarante, de buis, de bois noirci et de fleurons en buis sur fond de bois de rose. Les quatre pieds sont ornementés d’un médaillon de feuille d’acanthe sur fond de sycomore teinté vert. Des clochettes agrémentent le haut et le bas du fleuron ainsi que le haut des pieds. Sur le plateau les croisillons sont concentrés dans un ovale central entouré de quatre écoinçons de feuilles d’acanthe en buis sur un fond de sycomore maillé teinté. Il existe une table de toilette qui se trouve au Paul Getty Museum qui possède la même configuration de marqueterie (dans le style transition bien sûr) ou l’on retrouve le médaillon centrale encadré de quatre écoinçons de feuille d’acanthes sur un fond de sycomore teint en bleu-gris. On peut noter une très grande qualité d’exécution des marqueteries ainsi que la grande qualité de montage et d’ajustement des bronzes dorés.

Jean-François LELEU

Jean-François Leleu (1729 – 1807) fut un des plus fameux ébénistes de son époque. Né d’un père vigneron sarcelles (Jean Leleu) il est probable que Jean François Leleu fit son entrée dans le monde des artisans du mobilier grâce à sa tante, épouse Gobert. Les Gobert furent une importante famille de doreurs et ciseleurs qui avaient pour client Jean-Francois Oeben puis Jean-Henri Riesener par la suite.

En 1753 fort de ses appuis il entre, en tant que compagnon, chez Jean François Oeben, ébéniste du Roi, installé à l’Arsenal. N’ayant pas été choisi comme successeur du maitre, désappointé, il passe alors sa maîtrise, qu’il obtient en 1764 et ouvre son propre atelier rue de la Contrescarpe, atelier qu’il quitte, peu de temps après, pour des locaux plus vastes, rue Royale.

Ebénisterie Mathieu Vath
Estampille JF.LELEU

À ses débuts, encore sous l’influence d’Oeben, ses meubles sont grandioses et somptueux, mais peu à peu, il acquiert plus de sobriété. Ont le caractérisé comme les plus néoclassiques des ébénistes de son époque, peut-être à cause des commandes qui lui sont faites par Mme du Barry, dont le pavillon de Louveciennes est un exemple du nouveau style. Sa réputation s’accroît très rapidement. Il travaille pour le banquier Laborde, de grands seigneurs ou encore le duc d’Uzès. Il devient notamment le principal fournisseur du prince de Condé qui lui commande de nombreux meubles pour ses différentes résidences

Contrairement à son rival Riesener, Leleu traversa la Révolution sans grands fracas, il cédât son établissement vers 1792 à son gendre Charles Antoine Stadler avec qui il s’était associé en 1780.

Ses oeuvres, sont d’une grande simplicité, aux proportions parfaites et le finit de l’exécution comme les choix des matériaux sont remarquables. Les meubles de style Louis XV et transition sont peu nombreux. Ce sont des oeuvres en placage de bois de rose ou en acajou marquetés de fleurs de rosaces ou des paniers fleuris et richement décorés de bronze doré. Par contre, Leleu produisirent une multitude de meubles Louis XVI, néoclassiques, « à la grecque », aux formes robustes, très architecturées. Les marqueteries utilisées ont des motifs réguliers, des quadrillages ornés de quatre feuilles ou de rosaces qui s’étendent sur toute la surface des panneaux carrés, rectangulaire ou en losange, délimités toujours par un cadre de bois plus sombre ou de bronze qui vient renforcer les volumes importants des meubles.

BIBLIOGRAPHIE

  • Le Mobilier Français du XVIIIème Siècle – Pierre Kjellberg – Les Editions de l’Amateur – 2004
  • L’estampille l’Objet d’Art – numéro 329 – pg 60-67 – Jean-Francois Leleu L’ébéniste des Condé – Pierre-Emmanuel Martin-Vivier – 1998
  • Meuble et Artisanat du XIIIeme au XVIIIeme siècle – Claude Bouzin – Les éditions de l’Amateur – 2003

Constat d’état

À première vue cette table était dans un excellent état, mais lorsque l’on s’y approchait de plus près certain détail nous sautait aux yeux. En effet cette table a probablement déjà subi une voir deux restaurations et celles-ci ont laissé des traces. Bien que réalisés convenablement au constat du bon état général de ce meuble à l’arrivée à l’atelier. Une multitude des maquilles et des greffes dans des bois différents de ceux d’origine, en particulier pour le buis remplacé par du sycomore et le vert par un bois plus foncé, venaient déranger la lisibilité du meuble. Ont remarqué aussi une légère déshydrations des colles sur l’ensemble des croisillons. Et pour finir le chanci de la finition à la gomme-laque empêchait une bonne lecture de la marqueterie.

La restauration

Le travail de restauration s’est avéré complexe. En effet il fallait choisir quelles greffes de placages devaient être refaites et lesquels étaient acceptables, car bien réalisées ou alors dans la bonne tonalité de couleur. Afin d’avoir une meilleure lisibilité du travail à effectuer l’ancienne finition a été retirée à l’aide d’un gel de solvant et de crin de cheval.

Cette étape a permis de redécouvrir la beauté des nuances de chaque essence de bois utilisés. Mais aussi de s’apercevoir qu’une multitude de bouchages avaient été effectué à l’aide d’une résine époxyde.

Ebénisterie Mathieu Vath
Plateau après retrait de l’ancienne finition

La première étape à consisté à réhydrater l’ensemble des surfaces plaquées à l’aide d’une colle infiltrante et du vide d’air, avec un mise en température de 55 degrés.

Puis le choix a donc été fait de changer les greffes impossibles à retravailler par oxydation, ou celles dont le grain de la mauvaise essence de bois employé était trop visible. Le but était bien sur de conserver le maximum de bois d’origine. Ne pouvant déterminé si la pièce de sycomore teinté se trouvant à droite de l’écoinçon du plateau était d’origine ou pas il à été décidé de la conserver.

Mais le problème qui est apparu rapidement fut le fait, qu’en particulier sur le plateau, la marqueterie avait été poncée à l’excès et que des « perces » étaient apparentes. Ce qui rendait donc l’opération de changement d’anciennes greffe risquée et pouvait engendrer plus de mal que de bien.

Lorsque cela était possible le changement des greffes a été effectué avec du placage raclé, poncé et mis à la bonne épaisseur avant son collage à la colle chaude. Pour les zones de perces impossibles à greffer il a été choisi de travailler en réintégration chromatique.

Il a fallu de longues heures de recherche et de tests afin de trouver la bonne couleur de vert pour le sycomore teinté. Celui-ci a été teinté par bain avant son collage. Un marqueur a été ajouté dans la recette de teinte afin que les pièces de rapport soient facilement identifiables dans le futur.

Ebénisterie Mathieu Vath
Après restauration

Afin de fixer les réintégrations chromatiques une légère couche de vernis gomme laque transparent a été appliqué au tampon. Il a ensuite été dépoli au tripoli puis une couche de cire microcristalline est venue redonner à cette table son aspect ciré d’origine.

En effet comme la démontrée récemment Marc-André Paulin dans sa thèse intitulée « Jean-Henri Riesener (1734-1806)Fournisseur de meubles pour la Couronne à l’époque de Louis XVICatalogue – étude de l’ébéniste et de son œuvre – conservé dans les collections publiques », Riesener ne fait aucunement mention de vernis sur ces meubles, mais il parle de travail à la ponce, au tripoli et à la cire.

La première mention de vernis au tampon que nous ayons découverte se trouve dans l’ouvrage de Francois-Noel Mellet « L’art du menuisier en meuble et de l’ébéniste – Paris – Librairie de fortin, rue de seine, n°21 – 1825 » pg 267.

Les bronzes ont été simplement nettoyé avec un gel d’agar-agar et d’un complexant.

Pour voir les restaurations précédentes : https://ebenisterie-mathieuvath.fr/en-ce-moment-a-latelier/

2 thoughts on “Table à écrire estampillée JF LELEU

  1. Bonjour,
    Merci pour tous ces détails et informations. C’est une chance pour nous de voir tout ces details et donc d approcher ces très beaux meubles.
    Continuez, si possible.
    Un ébéniste qui vous veut du bien.
    Loic.

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