Gros travail de restauration – conservation sur cette banquette et ses quatre fauteuils d’époque Consulat, estampillés Jacob Frères rue Meslée. Ils sont constitués d’acajou de cuba massif pour les pieds arrière et avant et les traverses sont plaquées. Les accotoirs supportés par des têtes d’égyptiennes sont en acajou de Saint Domingue clair pour créer un contraste avec les montants. Ils sont ornés de palmettes sculptées et de rosaces en acajou de cuba. Ils reposent sur des pieds antérieurs en gaine terminés par des griffes et les pieds postérieurs sont arqués. La banquette est un canapé transformé.
- Banquette H : 71,5 / L 168,5 / P : 66 cm
- Fauteuils H : 90 / L 57 / P :52 cm
Avant restauration Avant restauration
Avant restauration Avant restauration
A cause des re-tapissages successifs les estampilles ont quasiment disparu. Sur la banquette elle est introuvable.
Trace d’estampille Trace d’estampille Trace d’estampille
L’estampille Jacob Frères correspond à l’association en 1796 des deux frères Georges II (1768-1803) et François-Honoré-Georges (1770-1841) pour reprendre l’atelier de leur père Georges Jacob.
Cette estampille ne fut utilisée que 7 ans. En 1803, suite à la mort de Georges II, Georges Jacob père fondera une troisième société, avec son fils François-Honoré et estampillera JACOB.D R.MESLEE.
Aux expositions des produits de l’Industrie de l’an IX (18 septembre 1801) et de l’an X (22 septembre 1802), les frères Jacob sont récompensés par une médaille d’or : « Leur style est d’un plus grand caractère, les détails de la sculpture y sont traités avec perfection » .
Quand Chaptal visite leur fabrique, en mars 1803, il y découvre de nombreux ateliers : menuiserie en bâtiment, menuiserie en meuble, sculpture en figure, sculpture en ornement, tournage, peinture et dorure, ébénisterie, polissage, fonte moulure, dorure sur métaux, moulure, tapisserie et serrurerie-mécanique : 322 ouvriers, 11 contremaîtres et 9 apprentis y travaillent.
Leur production rappelle encore par l’élégance de leurs lignes et l’emploi de l’acajou et de différents bois, ornés de diverses incrustations, celle de la période précédente. Leur nouvelle ligne générale met fin à la sévérité caractérisant le style Directoire et autorise à une première rencontre avec les formes tout en rondeur de la période qui s’annonce, celle du Consulat.
C’est aux Frères Jacob que Joséphine Bonaparte commande des meubes délicats, aux formes nouvelles, pour sa maison de la rue Chantereine. Peu après, ils meublent l’hôtel de Madame Récamier, rue du Mont Blanc , selon les projets de l’architecte Berthault. Le lit de Mme Récamier (Musée du Louvre) utilise, pour la première fois, la forme » bateau » ainsi que les cygnes au titre de la décoration.
En 1800, le Premier Consul leur commande tout le mobilier de Malmaison et celui des Tuileries. Parmi leurs autres clients, on peut citer le général Moreau, Cambacérès, Gaudin, Mlle Mars…
Restauration / Conservation
Le travail demandé sur ces pièces de mobilier est double. L’objectif est de conserver au maximum, mais étant donné qu’il s’agit de fauteuils il est essentiel qu’ils retrouvent leur solidité afin de leur redonner une fonction et de stopper leur dégradation. Car lorsque l’on regarde ces fauteuils on constate qu’ils ont été littéralement massacrés. Les tapissages et re-tapissages successifs ont complètement éventré les feuillures tapissières. Sans compter sur la multitudes d’éclats de bois due aux centaines de semence enfoncées et retirées.
Ancien recollage Détail d’une patte de lion Manque partiel de la rosace Détaille de la sculpture de tête d’égyptienne Il manque le nez Détaille de la sculpture de tête d’égyptienne
Manque de massif Manque d’acajou Manque d’acajou Manque d’acajou Feuillure tapissière éclatée Traverse de côté fendue Feuillure du montant arrière droit éclatée et complètement vidée Il manque 1 cm de bois Feuillure éclatée Manque de bois Manque de bois Manque de matière Manque de matière Montant fendu Eclat de bois Eclat de bois Manque de bois Traverse fendue Manque de hêtre sur la traverse haute Manque de sculpture Assemblage décollé Equerre métallique Patte à bois étalée Assemblage décollé Accotoir cassé Ancien recollage Bouchage Masquage d’un défaut Placage décollé Traverse fendue Eclat de bois Manque partiel de la rosace Manque de placage Manque de placage Manque de bois Ancienne greffe et manque Eclats de bois Manque de bois Pied cassé Manques de bois Pied cassé Plaquette d’acajou décollée Manque des traverses Pied cassé Equerre métallique Assemblage décollé Vis dans la mortaise Vis dans le tenon
Mais comme il s’agit aussi d’un travail de conservation, les traces d’usures les petits manques dûs à des frottements, les coups, les rayures ainsi que l’ancienne finition seront conservés. La griffe manquante et les manques partiels de rosace seront remplacés par des moulages en résine afin qu’ils soit facilement identifiables comme étant une restauration. Ils ne seront bien évidemment pas identifiables à l’oeil nu.
Les fauteuils ont donc été tous démontés. Il faut dire qu’ils ne tenaient que par leur garniture. Le pied le plus endommagé a été renforcé par des plaquettes de bois collées à la colle de poisson sur les quatre faces.
Pied cassé Pied cassé Il manque 7 mm de bois Pied cassé et trace d’équerre
Greffes sur le pied cassé Pied consolidé Plaquette avant mise en teinte
Pour les manques de massif dûs à des éclats, ils ont été comblés en essayant de retirer le moindre de matière possible, les autres petits trous ont été comblé à la résine puis mis en teinte. Lorsque la feuillure était trop abimée elle a été remplacée par du hêtre afin que le tapissier puisse faire sont travail correctement sans risque de cassure.
Greffes d’acajou Greffe de hêtre sur la traverse haute Plaquettes de consolidation du pied cassé Greffe d’acajou Greffe et bouchage de résine Greffe d’acajou Greffe de hêtre sur la feuillure
Les fauteuils ansi que la banquette ont été recollés à la colle de poisson et re-chevillés. Les équerres ont été collées à la colle chaude puis visées.
Les pieds avant et arrière du canapé étaient cassés et avaient déjà été restaurés. Il a donc été décidé de réaliser de nouvelles greffes afin de leur redonner de la solidité. Pour les pieds avant, ils ont été dé-plaqués de l’ancien placage de restauration puis replacés par ce même placage. Les traverses de côté qui n’étaient pas plaquées d’acajou mais simplement teintées on été plaquées par de l’acajou du Honduras.
Toutes les feuillures ont été rebouchées avec une colle chargée à la sciure.
Greffe de massif sur le pied avant droit avant recollage du placage Placage du pied avant droit Recollage des côtés de la banquette
De nouveaux taquets en hêtre ont été collés et cloués.
Après avoir nettoyé les excédents de cire, la finition d’origine a été reprise à l’alcool et avec un vernis approprié aux fauteuils dont la recette est donnée par Dessaignes dans son ouvrage de 1861.
Pour voir les restaurations précédentes : https://ebenisterie-mathieuvath.fr/en-ce-moment-a-latelier/