Durant la période très mouvementée de la révolution française, la production de mobilier fut considérablement amoindrie et la plupart des artisans vécurent des périodes très difficiles. Dans l’ensemble, du Consulat au Directoire, les meubles et les sièges n’ont guère eu le temps d’évoluer. Toutefois, même si certains motifs décoratifs d’inspiration Egyptienne avaient déjà fait leur apparition, c’est à partir de l’expédition d’Egypte (1798-1801) qu’ils évoluèrent vers un style unique. Le style dit « Retour d’Egypte » durera cependant que peu de temps : une dizaine d’années tout au plus car il sera vite remplacé par le style « Empire » imposé par Napoléon.
On retrouve sur cette commode tous les signes de ce style : elle est plaquée d’acajou et a un bâti en chêne, les cariatides en gaine sont coiffées d’un klaft, les poignées sont en forme de tête de lion, les entrées de serrure comportent des palmettes et les pieds sont en forme de patte de lion.
A première vue, cette commode est en bon état esthétique, mais en réalité plusieurs défauts structurels vont conduire à une future dégradation de l’aspect extérieur. C’est donc pour cela que son propriétaire a eu la clairvoyance de me la confier.
En effet, ce n’est pas parce que le meuble n’a pas l’air dégradé qu’il ne l’est pas. A partir des photos suivantes je vais vous monter quels sont les défauts et les futurs problèmes qu’ils peuvent entrainer.
Les panneaux ont rétréci ou fendu, les assemblages sont décollés et donc ne jouent plus leur rôle, ce qui va causer un gauchissement de l’ensemble des pièces du meuble et donc nuire à son bon fonctionnement.
Idem pour les fonds de tiroirs, ils n’assurent plus l’équerrage des tiroirs.
Les coulisses et les coulisseaux sont usés par le temps et donc les tiroirs fonctionnent mal et sont abimés. Ils risquent ainsi de causer l’arrachage du placage de façade.
Pour remédier à ces problèmes, j’ai donc démonté la commode par l’arrière, rechargé les coulisses et les coulisseaux ainsi que les tiroirs. J’ai recollé les panneaux de dessus et de dessous ainsi que l’arrière.
Puis, j’ai recollé les assemblages structurels du meuble pour lui redonner sa solidité d’origine. Tout cela sans dégrader l’état de surface. Ensuite, j’ai simplement effectué un léger nettoyage du vernis et des bronzes.
Quel clairvoyance d’avoir repris les éléments structurels avec brio. Expérience émotionnelle sans doute de revenir sur les pas de l’artisan anonyme à l’origine du meuble au moment de rassembler chacune des parties.