Voici quelques photos de la restauration d’une commode en noyer massif, plaquée en incrustation de loupe de thuya et de filets à la grec en amarante et buis. Les tiroirs et les panneaux intérieurs et arrières sont en sapin.
Malgré le chantournement de la traverse, son galbe et ses pieds, cette commode est bien de style transition mais d’époque Louis XVI.
Intérieur Gauche Fond Intérieur Droit
Dans le titre j’ai écrit « dans le goût des Hache » car il est certain que cette commode est originaire du Dauphiné. Mais qu’elle soit une production de la célèbre famille d’ébéniste des Hache n’est que mon avis.
Les éléments en faveur d’une attribution sont : le système de montage des traverses de façade à queue d’aronde très caractéristique, le pied pastille, l’élégissement du bec de corbin, le choix des bois ( noyer, loupe de thuya, sapin) sont à rapprocher de la production des Haches.
Elégissement caractéristique du bec de corbin Le célèbre montage à queue et à clé Le pied pastille Fond cloué Traces d’anciennes étiquettes
Mais certains éléments ne collent pas avec les critères habituels d’attribution: Le pied pastille est un peu lourd et les formes sont peu communes de la production des hache , les fonds de tiroirs ( qui ont été restaurés précédemment ) et enfin l’absence d’estampille avec seulement une trace d’étiquette sur l’arrière.
Fond restauré précédemment Les fonds ne sont pas pris en feuillure Le style un peu lourd Les moulures et chanfrein des traverses et montant
Alors que dire sur cette commode… Si l’on se laisse à supposer et à émettre des hypothèses sur l’origine de cette commode en se basant sur le fait qu’elle est bien de la fin du XVIIIe siècle et qu’elle correspond bien à un travail de la région de Grenoble. Nous pourrions imaginer qu’elle est le fruit d’un ouvrier qui a côtoyé les Hache, voir même qui a effectué son apprentissage chez ces ébénistes. Peut-être s’agit il d’un ouvrage de sous-traitance réalisé sur commande de Christophe-André Hache le dernier fils de la famille à avoir dirigé l’entreprise jusqu’au 13 mai 1801.
Ou bien ce n’est tout simplement qu’une copie réalisée par un autre ébéniste de la région.
Une autre hypothèse plus ambitieuse serait que cette commode soit une production de la main de Christophe-André lui-même. Totalement éclipsé par le talent de son frère ainé Jean-Francois il n’existe que très peu de meuble et pour ainsi dire aucune étude sur la production de cet ébéniste.
Il ne faut pas s’imaginer que les grands ébénistes ne fabriquaient que des meubles prestigieux, ils s’adonnaient aussi à la production de meuble plus simple, facile et rapide à effectuer. Leur production s’adressait à tout type de clientèle. On oublie souvent que ces ébéniste étaient de simple artisan et chef d’entreprise qui devaient rentabiliser leur travail pour payer leurs ouvriers et leurs taxes.
Pour ce qui est de la restauration elle était simple. Quelques greffes de noyer massif, le recollage par infiltration des placages, la fabrication d’une clé, le décapage du vernis très jaune, le nettoyage des bronzes et enfin un vernis tampon incolore.
Application du décapant Le décapant fait son effet
Bronzes après restauration Vernis au tampon Après restauration Après restauration Après restauration Plateau après restauration Après restauration