Restauration d’un bureau d’époque Empire plaqué de ronce d’acajou sur une structure en chêne. Les quatre pieds en « cuisse de chimère » sont reliés par des traverses intermédiaires et reposent sur des pieds en forme de griffe de lion.

Le style Empire, apparu au début du XIXᵉ siècle sous le règne de Napoléon Ier, est une expression artistique et décorative étroitement liée à la volonté de l’Empereur de créer une esthétique nouvelle, grandiose et impériale, à la hauteur de son pouvoir. Héritier du courant néoclassique initié au XVIIIᵉ siècle, ce style puise ses inspirations dans l’Antiquité gréco-romaine et égyptienne, particulièrement à la suite des découvertes archéologiques majeures à Pompéi et Herculanum, ainsi que de la campagne d’Égypte menée par Bonaparte. Ce retour à l’Antique est encouragé autant par un intérêt intellectuel que par un désir politique de se rattacher aux grandes civilisations de l’histoire pour légitimer un régime fort, centralisé, mais différent de l’Ancien Régime monarchique.
Sous le Consulat puis l’Empire (1804-1815), ce style s’impose dans tous les domaines artistiques : architecture, mobilier, objets décoratifs, mode vestimentaire et arts graphiques. Il se caractérise par des lignes droites, rigoureuses et symétriques, des formes massives et structurées, mais également par une profusion de décors symboliques : aigles impériaux, abeilles, couronnes de laurier, sphinx, lions ailés, colonnes, motifs géométriques gréco-romains, etc. Le mobilier est conçu pour impressionner par sa grandeur et son raffinement : lits en forme de bateau, consoles en acajou, sièges curules inspirés de Rome, guéridons, bureaux en forme d’autel. L’acajou, bois exotique prisé, est très utilisé, mais les difficultés liées au blocus continental contraignent les artisans à recourir également à des bois locaux (érable, noyer, hêtre). Le bronze doré, finement ciselé, devient un élément incontournable du décor grâce à des ornemanistes de renom tels que Pierre-Philippe Thomire et Martin-Guillaume Biennais.
Ce style est adopté par des figures artistiques majeures telles que les architectes Charles Percier et Pierre Fontaine, qui travaillent notamment pour la Malmaison, résidence de Joséphine de Beauharnais. Cette dernière joue un rôle déterminant dans la promotion du style Empire en influençant les goûts de la cour et en insufflant un raffinement plus personnel aux arts décoratifs. Le style, bien qu’austère dans ses lignes, demeure empreint d’un certain luxe : les textiles riches (velours, soie), les dorures et les références à la mythologie créent une ambiance solennelle et prestigieuse.
Le style Empire dépasse rapidement les frontières françaises pour devenir un style officiel dans de nombreuses cours européennes, notamment en Allemagne, en Russie et en Autriche, séduites par le prestige culturel de la France napoléonienne. Même après la chute de l’Empire, ce style perdure sous la Restauration, puis influence d’autres mouvements artistiques du XIXᵉ siècle, jusqu’à l’Art déco au XXᵉ. En somme, le style Empire n’est pas seulement une mode passagère : il incarne une volonté politique et culturelle de réinventer la grandeur à travers l’art, en se réappropriant les codes de l’Antiquité pour créer une esthétique impériale moderne et cohérente.
Constat d’état
La structure ne présentait aucun défaut et les assemblages étaient en bon état. De légères lacunes de placage, dues à des arrachements ou des soulèvements, étaient présentes sur une grande partie des surfaces plaquées. Cependant, l’intervention principale concernait les entretoises des pieds, environ 45 % du placage étant manquant.












La restauration
Pour la restauration de ce meuble, nous avons réemployé des fragments de placage ancien afin de restituer les manques. Désépaissis en contre-parement, ces fragments ont conservé leur patine, ce qui a permis d’éviter toute opération d’oxydation. L’ancien vernis a ensuite été régénéré et une nouvelle couche de vernis gomme laque a été appliquée. Les pieds griffes ont été repris avec une patine vert de gris puis vernis. La moulure supérieure des pieds a été dorée à la feuille d’or. Le cuir a quant à lui été réhydraté et ciré. Il ne reste plus qu’a remettre les cartons se trouvant dans le gradin.

