Grâce à son estampille il est possible de dater ce bureau dos d’âne, ou bureau à pente entre 1738 et 1783.
La vie de Jean-Baptiste Hedouin est assez méconnue. Aprés avoir été reçu à sa maîtrise, il installa son atelier rue Traversière-Saint-Antoine. Tous les meubles qu’il produisit étaient de belle qualité. Ses meubles, principalement de style Régence et Louis XV, presque tous revêtus de placage en feuilles ou en quadrillages, étaient variés : armoires, bureaux plats et en pente, bibliothèques… mais ce furent les commodes qui constituèrent la plus grande partie de sa production. La majorité d’entre elles adoptaient les formes ventrues et lourdes du style Régence. D’autres présentaient des lignes galbées, plus légères, le montant et le tablier soulignés par des bronzes dorés. On peut mentionner deux oeuvres, très éloignées du style habituel de Jean-Baptiste Hedouin. Il s’agit d’une paire d’encoignures à gradins, en laque de Chine et vernis européen polychrome, avec des encadrements de bronzes rocailles.
Ayant trouvé, sur certains meubles, son estampille à côté de celle de son confrère Migeon, on suppose qu’Hedouin a travaillé également pour des marchands. Après une longue carrière, Jean-Baptiste Hedouin mourut chez lui, rue Traversiere-Saint-Antoine, en 1783.
MUSÉES
- Encoignure marquetée en feuilles de placage de bois de violette,elle est ornée de bronzes ciselés et dorés. La traverse inférieure présente une forme mouvementée. Le dessus est en marbre mouluré. De forme semi-circulaire, ce meuble ouvre à deux portes et comporte deux tablettes à l’intérieur. Il est plaqué de feuilles coupées en triangles qui forment un losange autour des mascarons en bronzes dorés s’épanouissant au centre des portes. L’ornementation en bronze comporte également un cul-de-lampe, des chutes, des motifs d’angle… Les bronzes semblent avoir été redorés et peut-être même rapportés postérieurement… L’encoignure porte deux fois l’estampille de Hédouin. – N°MAD1542 – Musée des Arts Décoratifs – Lyon
- Petite commode Louis XV marquetée de fleurs, ornements de bronzes rocailles – Musée du Louvre
BIBLIOGRAPHIE
- Le Mobilier Français du XVIIIème Siècle – Pierre Kjellberg – Les Editions de l’Amateur – 2002
- Les ébénistes du XVIIIe siècle – Comte François de Salverte – Les éditions d’Art et d’Histoire – 1934
Comme vous allez le voir ce bureau est en très mauvais état. Mais, outre les manques de placages, la question la plus dérangeante pour moi est, qu’une très grande partie du placage sur les pieds et la façade a déjà été restaurée, et remplacée par du palissandre tranché. Alors que ce meuble est plaqué en bois de violette.
La différence me direz-vous?
Et bien, elle est que, le palissandre est un bois beaucoup plus foncé que le bois de violette, même si c’est deux bois sont de la même famille, les Dalbergia.
Et pour couronner le tout, ce placage a été collé à la colle caurite. Cette colle était une révolution à sa découverte mais son utilisation fut catastrophique en restauration. Car très souvent les ébénistes ne nettoyait pas l’ancienne colle et recollaient directement les placages sur celle ci. Ce qui donne le résultat suivant. Le placage se décolle car il n’a pas d’adhérence sur le bois.
Donc la grande question est : faut il changer, garder ou conserver partiellement ce placage de palissandre?
Une restauration c’est un questionnement, un choix puis une décision. Tout cela ne se fait pas tout seul bien sûr. Il s’agit d’une collaboration entre le client, moi et des collègues restaurateurs.
Pour ce bureau, il a été choisi, dans le but de conserver une bonne « lecture » du meuble, de changer le placage de palissandre et de le le remplacer par du placage de bois de violette scié. Le placage scié étant supérieur en qualité car n’ayant pas subit les traitements thermiques du placage tranché.
.
Voici quelques photos du bureau à son arrivée.